Le CDI intérimaire top ou flop ?

« Les gars, on a eu une idée de génie ! Un contrat de travail temporaire… à durée indéterminée ! »

Bon, dit comme ça ce n’est pas très clair mais la promesse est séduisante !

L’idée est assez simple. Les agences de travail temporaire embauchent un candidat en CDI et peuvent ainsi le déléguer à différentes entreprises utilisatrices. Le salarié bénéficie donc (en théorie) des avantages du CDI (sécurité, formation, congés payés…) et de la flexibilité de l’intérim.

À l’époque de sa mise en place en 2014, ce contrat était annoncé comme une révolution !

Presque 10 ans plus tard, où en sommes-nous ?

Si l’on parle chiffres, on sait qu’en 2022, la France comptait près de 2,9 millions d’intérimaires (800 000 en équivalent temps plein). Et 60 000 contrats de CDI intérimaires*, près de 6,3%* de l’emploi intérimaire.
*(chiffres de l’Observatoire de l’intérim et du recrutement et de Prism’emploi).

Si l’on parle retour d’expériences… Un chose est sûre… Rien n’est sûr ! Tapez « CDI intérimaire » dans votre moteur de recherche et regardez les résultats.

« Un dispositif qui peine encore à convaincre »
« Le CDI intérimaire de plus en plus populaire »
« La révolution de l’intérim n’a pas eu lieu »
« Le CDII, un contrat qui monte »
« Intérimaire en CDI : vous avez les inconvénients de l’intérim sans avoir aucun avantage ! »
« Réelle opportunité ou vraie arnaque ? »

Faisons le point sur les différents arguments !

CDI Intérimaire, le bon compromis entre sécurité et flexibilité

Côté candidats, le premier argument évident est la sécurité de l’emploi. Une rémunération mensuelle, des congés payés, l’accès à une mutuelle, à des formations… Et le mot « CDI » qui facilite l’accès à un logement et à un prêt immobilier.

Autre avantage découvert à l’usage, le CDI-I tend à conduire à terme à une embauche en CDI classique dans l’entreprise utilisatrice (dans 40% des cas selon Prism’emploi). Il se place donc comme une porte d’accès vers un emploi plus durable.

Côté entreprises utilisatrices, elles bénéficient de l’avantage principal de l’intérim, la flexibilité ! Elles peuvent mettre fin au contrat à tout moment et peuvent éviter les délais de carence.

Pour les agences d’intérim, c’est un levier de fidélisation de leur candidat efficace. Il permet aux recruteurs de s’assurer un vivier de candidat permanent.

On vous l’avait dit, une idée de génie ! À moins que…

CDI intérimaire, le « trop » de compromis

Certes, comme vu précédemment, le CDI-I permet de bénéficier de certains avantages du CDI. Mais qu’en est-il des avantages du contrat de travail temporaire ?

Côté finance, on oublie les primes de fin de mission et les indemnités compensatrices de congés payés. Ce qui entraine une baisse des revenus à la fin du mois.

Côté congés, même si effectivement dans le cadre d’un CDI-I les salariés en bénéficient, dans la pratique pour les poser c’est une autre histoire. Ces congés tendent à être pris pendant les périodes hors mission, pas forcément sur une période décidée par le salarié.

Mais c’est surtout sur le volet « liberté » que le bât blesse. En effet, dans la mesure où le poste correspond à son contrat de travail, le salarié est tenu d’accepter les missions choisies par son agence de travail temporaire. Il peut ainsi perdre jusqu’à 30% de rémunération par rapport à sa mission précédente. De même, lorsqu’il n’est pas en mission, il est tenu d’être à disposition de son agence pour débuter une nouvelle mission le jour même.

Pour les agences d’intérim, le CDI-I impose la prise en charge financière d’un collaborateur en période d’inactivité.

Bon, et qu’en pensent les intérimaires ?

L’enquête « regards croisés sur l’intérim » réalisée par l’Observatoire de l’intérim et du recrutement nous apporte un nouvel éclairage sur le sujet. 1000 salariés intérimaires donnent leur avis sur le CDI-I.

On y apprend que même si 82% des intérimaires ont entendu parler du CDI-I, seulement 56% savent précisément en quoi il consiste.

Alors qu’en 2014, 73% des intérimaires se disaient prêts à accepter ce type de contrat s’il leur était proposé, en 2022 ils ne sont plus que 46%.

Selon eux, les avantages sont premièrement la stabilité de l’emploi et la facilité d’avoir un emploi pérenne. Ensuite, la sécurité financière et la possibilité de bénéficier des avantages d’un CDI. Enfin, la possibilité de décrocher un CDI classique en fin de mission.

Côté inconvénients, ils citent le manque de liberté et l’absence de choix de mission. Puis, la faible rémunération et le manque d’intérêt face à un contrat de travail temporaire classique. Enfin, les contraintes liées à la mobilité.

Bon, et vous, qu’en pensez-vous ?

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